En 2015, j'ai eu l’opportunité assez unique de pouvoir vivre deux semaines et demies sur un catamaran, à voguer entre la Guadeloupe, la Dominique et la Martinique. Au-delà des fonds marins superbes, des paysages époustouflants et des plages désertes, j'avais envie de revenir sur une petite compilation de ces 10 petites choses magiques du quotidien sur un catamaran auxquelles on ne pense pas forcément. Une façon de replonger dans ce voyage exceptionnel qui reste parmi les plus beaux de ma vie.
1) Avancer avec le vent:
Ca parait si évident qu’on n’y prête pas tellement attention avant de le vivre concrètement. Avancer avec le vent c’est avancer avec l’océan, avec la nature, avec les éléments. C’est se sentir comme partie intégrante du décor. On ne fend plus les eaux avec ses centaines de chevaux, un bruit assourdissant et une odeur de pétrole mais on glisse sur ces eaux au presque bon vouloir du vent et des courants.
Le vrombissement du moteur n’existe plus, il n’y plus que les cordes qui craquent, l’eau qui cogne contre la coque, les voiles qui claquent et les tours de moulinets réfléchis et précis du skipper.
On est bercés par la houle. Un coup de chaud? Il suffit de monter sur le toit de la cabine et le vent vient de toutes parts. Pas seulement de devant, forcé, comme ça l’est en bateau moteur.
Je peux vous assurer qu’une fois l’expérience vécue, remonter sur un bateau à moteur est une chose très pénible.
2) Hisser la grand voile du catamaran
Dans la continuité d’avancer avec le vent, hisser la grand-voile tous les matins était devenu comme un hymne à la liberté. La promesse de pouvoir aller n’importe où, n’importe quand et n’importe comment.
C’est aussi l’effort matinal de déployer ces dizaines de mètres carrés de toile qui te mettent dans une humeur de découverte qui ne se tarit même pas quand vient l’heure de regagner sa cabine et se coucher.
C’est enfin un petit effort de coordination, de travail d’équipe, l’idée que chacun participe un peu à la bonne marche du navire. A sa façon chacun est indispensable.
3) Se doucher:
Au-revoir la douche exigüe, dans une salle de bain un peu glauque. Ta douche, c’est l’océan. Un coup de savon, un plouf, un autre coup de savon, re-plouf, un petit coup de jet d’eau douce pour enlever le sel et c’est terminé. Se rincer en plongeant depuis le bord du catamaran, sauter de cet îlot de terre ferme pour finir sa chute dans une eau à 30m de fond donne une sensation indescriptible de petitesse de soi face à l'étendue noir d'encre des fonds marins.
4) Le soir, se coucher sur le filet central et regarder la voie lactée:
Après un trop bon repas, beaucoup de rires et la liste de tous les poissons vus pendant la journée faite, vient le temps de la digestion sur le filet central du catamaran. Ce filet est parfaitement placé avec, en-dessous les fonds marins et leurs mystères et au-dessus le spectacle de la voie lactée (et ses mystères aussi) sans une quelconque pollution lumineuse.
La « Milky Way » n’a alors jamais aussi bien porté son nom. On dirait un ciel sous Photoshop tellement il y a d’étoiles. Des grosses, des petites, des scintillantes, de différentes nuances de bleu, de jaune, voire de magenta. Une douce brise vient alors nous rappeler qu’on est vraiment en vie, que tout cela existe vraiment.
Et on se sent vivant.
5) Boire son café avec le soleil qui se lève et une plage déserte devant soi:
Il y a quelque chose d’unique à se réveiller avec la lumière du jour, sentir le sel un peu partout sur sa peau, sur ses lèvres, sur la coque et le tangage léger du catamaran. Puis, on quitte sa cabine en enfilant un maillot de bain. De toute façon c’est tout ce qu’on mettra pour toute la journée. On finit sur le pont, une tasse de café dans la main à contempler une plage de sable blanc de Marie-Galante, des Saintes ou que sais-je?
Ces spectacles normalement réservés à nos fonds d’écrans d’ordinateur sont maintenant bien réels. Les branches des palmiers se plient, de petites vagues viennent lécher la plage et le ciel se pare d'un paréo de du jaune au rose.
6) Prendre son temps:
Nombreux sont les moments où tout ce qu’il y avait à faire, c’était prendre son temps.
Se poser sur une chaise et lire un livre.
Explorer les recoins des réglages de son appareil photo.
Discuter simplement de tout et de rien.
Faire une sieste.
Ou carrément ne rien faire du tout. S’asseoir sur le toit du catamaran, regarder l’océan et en profiter pour une introspection.
Que ce soit en navigant ou au mouillage, il y a des moments où il faut juste profiter de l’instant présent sans qu’il n’y ait rien à faire. Par exemple, ça faisait plusieurs années que je n’avais pas réussi à lire un livre en entier, mais ce voyage aux Caraïbes m’a permis d’en finir un facilement (« les derniers jours de nos pères » J. Dicker, à lire!).
7) Après quelques jours en mer, aller à terme ferme et avoir le sentiment que tout tangue:
J’ai eu ce sentiment lorsque nous avons débarqué en Dominique. C’était la première fois qu’on allait passer plus de deux jours sans naviguer. Au début du voyage, je sentais tous les mouvements du bateau, ce qui ne me rendait parfois pas franchement service. Mais une fois que le cerveau veut bien assimiler le concept de l'embarcation instable, l'oreille interne suit et le bateau devient terre ferme. Si après on s'amuse à aller à terre, l'oreille interne, alors habituée à suivre le mouvement de la houle, perd ses repères face à l'immobilisme des plaques tectoniques. C'est ce qu'on appelle le mal de terre.
8) Débarquer sur une plage déserte avec l’annexe et devoir la tirer sur le sable comme un aventurier:
Ambiance « Pirates des Caraïbes ». Sentir l’annexe (le petit bateau moteur à l'arrière du catamaran) percuter le sable blanc, sauter promptement de l’embarcation, empoigner la corde à l’avant et tirer le zodiac sur le sable, il n'en faut pas plus pour se sentir pousser des ailes d'aventurier. Attacher cette corde à une branche ou un rocher, regarder autour de soi et ne rien voir d’autre qu’une plage déserte et les ailes d'aventurier poussent encore un peu plus. Peu importe le but du voyage: faire les courses ou une balade en fin d’après-midi, ça prendra de toute façon une allure de petite aventure.
9) Vivre au rythme du soleil:
Pas de réveil pendant 3 semaines.
Aucun.
Et pourtant je me levais dès les premières lueurs du jour, naturellement, sans avoir des envies de meurtre sur un quelconque appareil technologique. Pas de sentiment de fatigue, pas besoin de deux heures pour se réveiller, même pas besoin de café (!). On est en forme au moment où on ouvre les yeux et ça, c’est magique.
On attaque la journée en étant rempli d’énergie. Sitôt que notre grosse étoile jaune n’est plus là, place aux rires, au repas, à la convivialité et puis très vite, le sommeil appelle et renvoie toute notre belle équipe dans leurs cabines pour un sommeil réparateur, long et bercé par la houle.
10) Vivre pour soi
Ce dernier point m’a frappé au milieu du voyage, quelque part entre la Guadeloupe et la Dominique. Une journée normale se composait du réveil, petit-déjeuner, snorkeling matinal, excursion quelque part (ou navigation), snorkeling de l’après-midi, apéro, snorkeling de la fin d’après-midi, douche, fin d’apéro, dîner et dormir.
Dans ces journées bien remplies, la technologie est nulle part. A ce moment du voyage je suis tombé sur mon portable. Littéralement. Il était là, derrière un canapé et je me suis dit « tiens…je l’avais oublié lui. ». Juste des contacts humains, des expériences à vivre pleinement et au diable les réseaux sociaux. Vivre la vie complètement, c’est je crois la petite chose du quotidien la plus marquante que j’aie pu expérimenter durant ce périple. Personne n’est à aucun moment sur son portable. Il n’y a que des discussions réelles qui peuvent avoir lieu. Si on s’ennuie, on lit, on parle, on regarde le paysage, on réfléchit sur soi. Mais on est toujours disponibles. Ca fait vraiment du bien, c’est à retenir et réitérer.
D’un point de vue personnel, je tenais à écrire cet article, moi qui n’avais jamais vraiment mis le pied sur un « vrai » bateau. C’est un échantillon de ces petites choses qui m’ont marquées et que je voulais partager avec toi.
Et toi, tu as déjà pu vivre ce genre d’expériences? Ou d’autres expériences qui t’ont fait remarquer des petites choses incroyables de ton quotidien de voyageur/voyageuse? Dis-le dans les commentaires!
Et ça c'est une photo de moi en 2015, profite, c'est rare!
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